Régénération du vivant
Contrairement à l’objet cassé qui doit être remplacé en tout ou en partie, le vivant est à même de se ressourcer. Il est malade, il guérit, il est vulnérable, il se réinvente.
Contrairement à l’objet cassé qui doit être remplacé en tout ou en partie, le vivant est à même de se ressourcer. Il est malade, il guérit, il est vulnérable, il se réinvente.
La force du vivant réside dans sa capacité de régénération: sa faculté de reconstituer par lui-même ses tissus et ses chairs abîmés. Cette capacité de régénération n’est cependant pas sans limite. Elle s’inscrit dans le respect du temps, de la spécificité et des besoins du vivant. Elle nécessite de prendre soin de l’environnement comme de notre santé.
Nous refusons de réduire la nature à un ensemble de ressources exploitables jusqu’à l’épuisement.
L’exploitation massive des énergies fossiles est responsable du réchauffement climatique. Au cours du 20ème siècle, la consommation d’énergie a été multipliée par 10, l’extraction des minéraux industriels par 27 et celle de matériaux de construction par 34. L’humanité émet six fois plus de CO2 qu’en 1950. Le volume de CO2 expulsé dans l’atmosphère induira une hausse des températures d’au moins 1,5° d’ici 30 ans. Certaines régions du globe seront touchées par des pénuries alimentaires, l’épuisement des réserves d’eau, la disparition de la biodiversité, de fortes canicules, des orages, des inondations et l’exode de millions de personnes. Il n’est plus rare de voir des décideurs au plus haut niveau et des rapports officiels de grandes institutions (Banque mondiale, armées, GIEC, banques d’affaires, ONG, etc.) évoquer la possibilité d’un effondrement.
Les populations de vertébrés peuplant le globe ont, en moyenne, un effectif réduit de moitié comparé à celui d’il y a 40 ans. La plupart des écosystèmes marins sont perturbés. Plus de la moitié des populations d’oiseaux des champs ont disparu au cours des trois dernières décennies. Deux tiers des populations d’espèces d’invertébrés sont en déclin. Une benne de déchets plastiques est déversée chaque minute dans l’océan. A ce rythme, il y aura plus de plastique que de poissons dans la mer en 2050.
Nous voulons être déterminés face à ces enjeux de la biodiversité et en faire un ministère explicite doté de moyens d’action concrets.
Nous devons limiter la croissance des températures et des émissions de CO2. Il faut atteindre la neutralité carbone pour 2050.
Aujourd’hui seul un utopiste inconscient croit que tout peut continuer comme avant.
Nous devons repenser notre conception du progrès. Nous voulons susciter de nouveaux récits, une nouvelle vision de société pour oser nous affranchir des énergies fossiles. Nous voulons que notre génération soit celle qui a rendu possible le meilleur, non celle du déni.
Cela demande de prendre soin de la nature, une nature qu’il nous appartient de cultiver afin d’en retirer les fruits et non de l’épuiser ou de l’assécher. S’il ne peut être question de renoncer à toute idée de progrès, il nous faut adapter nos modes de production et de consommation. Nous devons avancer de manière pragmatique en éduquant et informant.
La transition économique et technologique sera d’abord sociale et culturelle. Nous voulons transformer de manière inédite le modèle actuel. Nous voulons dégager un consensus fort au sein de la société et susciter un large débat citoyen pour que chacune et chacun soit à même de comprendre les enjeux des politiques proposées.
Nous voulons sensibiliser les citoyennes et citoyens à l’adaptation de leur alimentation et de leurs habitudes de déplacement. Nous leur fournirons le soutien nécessaire pour accompagner socialement cette transition.
Nous voulons améliorer l’offre de transport en commun, favoriser les voitures « bas carbone », en réduire le nombre, faire émerger les voitures partagées, encourager l’usage du vélo ou de la marche, diminuer les contraintes de déplacement en facilitant le travail à distance, stimulant les quartiers et les villages et rapprochant les producteurs des consommateurs.
Nous travaillerons à une réduction significative de nos besoins énergétiques. Nous interrogerons en profondeur nos modes de vie. Nous mettrons un frein au consumérisme à outrance, à la publicité frénétique et au marketing intrusif qui nous vantent des comportements illusoires censés apporter le bonheur. La sobriété énergétique commence par une sobriété commerciale.
Nous souhaitons également inscrire le Bien-être animal dans la Constitution. Les animaux sont des êtres dotés de sensibilité au même titre que l’être humain. Nous nous devons d’assurer leur protection et leur bien-être en leur reconnaissant cinq libertés individuelles : le droit de boire et de manger en suffisance ; le droit au confort ; le droit à la santé ; le droit à la sécurité ; le droit à l’expression de comportements naturels propres à l’espèce.
Nous veillerons à que ces libertés soient respectées dans les exploitations d’élevage, lors des transports et dans les abattoirs. Les personnes reconnues coupables de maltraitance envers les animaux ne pourront plus en détenir.
Notre système de santé est déficient. Les mesures prises pour limiter la croissance des dépenses et la recherche de rentabilité ont détérioré structurellement les conditions de travail du personnel soignant et entrainé une déshumanisation des soins. La pandémie a encore aggravé la situation.
Régénérer le vivant nécessite de privilégier la santé des citoyennes et des citoyens, mais aussi de valoriser ceux qui en prennent soin. Le renforcement de notre système de soins est indispensable pour affirmer et reconnaître notre droit à la vulnérabilité. Nous pouvons être faibles, nous pouvons tomber malades, nous pouvons vieillir, nous pouvons être porteuses ou porteurs d’un handicap. Faire société ne s’adresse pas uniquement aux personnes jeunes et en bonne santé. L’accès aux soins de santé témoigne de notre solidarité et de notre humanité.
Nous souhaitons être à l’écoute des nouvelles générations afin de leur rendre confiance dans l’avenir. Une meilleure compréhension des causes profondes de leur mal-être et de ce qui les oppresse est indispensable pour pouvoir y remédier, surtout quand on sait que ce mal-être oscille parfois entre harcèlement scolaire et tentatives de suicide.
L’omniprésence des réseaux sociaux n’aide pas et renforce souvent les problèmes de harcèlement et de déficit de l’estime de soi. La cyberdépendance vient parfois s’ajouter aux dépendances plus traditionnelles. Nous devons renforcer notre attention.
Nous souhaitons enfin favoriser une plus grande ouverture à la diversité des orientations sexuelles et des identités de genre pour permettre à chacune et chacun de vivre dans un environnement bienveillant et propice à son développement. Nous affirmons que la sexualité participe à notre réalisation comme être humain, qu’elle soit l’expression d’un amour partagé ou d’une recherche commune de plaisir. Chacune et chacun a droit à une vie sexuelle épanouie, dans le respect de l’autre.
D’ici 2040, plus d’une personne sur cinq aura plus de 67 ans. L’allongement de notre espérance de vie est l’une des plus belles avancées de nos sociétés. Vieillir ne signifie pas mourir à petit feu, mais vivre plus longtemps. Nous voulons valoriser l’apport de nos aînés et leur expertise.
Dans une société tentée par le jeunisme, l’importance de l’expérience doit être rappelée. Bien avant la pension, les travailleuses et les travailleurs plus âgés sont trop vite poussés vers la sortie, alors qu’ils sont encore en mesure d’apporter énormément à la société.
L’activité des séniors ne se limite pas au travail. Elle ne prend pas fin à la pension. Nombreux sont ceux qui s’engagent dans des associations, s’investissent sur le plan familial en soutenant leurs enfants dans l’éducation de leurs propres enfants. Ces liens intergénérationnels renforcent la cohésion sociale. Nous voulons les stimuler et les encourager. Nous souhaitons promouvoir la création de maisons des aînés dans les communes, à proximité des maisons de jeunes, et l’organisation d’activités intergénérationnelles.
Nous penserons l’aménagement du territoire en termes de mixité générationnelle. Nous voulons aider nos aînées et nos aînés à rester le plus longtemps chez eux. Nous voulons développer l’aide aux personnes par une offre de soins adéquate ou une assistance pour les courses ou un rendez-vous médical. Nous mettrons sur pied une assurance autonomie, intégrant ces coûts au sein de la sécurité sociale.