Régénération du pacte social
La régénération de la société implique un nouveau pacte social, un nouveau consensus sur le projet autour duquel faire société.
La régénération de la société implique un nouveau pacte social, un nouveau consensus sur le projet autour duquel faire société.
La Belgique de l’après-guerre s’est construite sur un contrat entre patrons et travailleurs axé sur la croissance économique. Aujourd’hui, ce modèle ne fonctionne plus. La sécurité sociale est structurellement en déséquilibre. La hauteur des cotisations sociales nuit à la compétitivité des entreprises et à la création d’emplois. Une partie de la population a le sentiment de contribuer sans cesse davantage. Une autre dépend d’allocations sociales qui lui permettent à peine de survivre et se retrouve enfermée dans la dépendance. Ces situations attisent les tensions sociales et le populisme.
Nous aspirons à une société où chacune et chacun a les moyens de réaliser ses projets, qui soutient celles et ceux qui prennent des initiatives. Nous voulons qu’un nouveau pacte social favorise la participation et la responsabilité citoyenne et apporte le soutien et l’accompagnement nécessaires à l’inclusion de toutes et tous dans la société.
À travers ce nouveau pacte social, nous passerons d’une société de consommation à une société de participation. Celle-ci est à la fois un droit et une responsabilité.
La participation en tant que droit implique une société inclusive, rejetant toute forme de discrimination. Elle affirme la dignité irréductible de chaque être humain et lui garantit les ressources nécessaires au développement de sa créativité et de sa réalisation. Cette société de participation s’appuiera par conséquent sur un socle de droits assurant à toutes et tous la satisfaction des besoins de base pour qu’elles et ils soient préservés de la pauvreté. Quels que soient les aléas de la vie, chaque membre de la société sera assuré de disposer des ressources suffisantes pour se nourrir et s’abriter.
En Belgique, près de 16% de la population connaît un risque de pauvreté matérielle. Nous souhaitons augmenter le niveau des allocations familiales, revaloriser le Revenu d’Intégration Sociale et le montant des allocations des personnes handicapées pour mettre fin à cette grande précarité.
La pauvreté infantile est quant à elle inacceptable : un État social digne doit se donner comme ambition que plus un seul enfant ne vive sous le seuil de pauvreté d’ici dix ans. Comme les enfants au sein des familles monoparentales sont particulièrement à risque, nous voulons renforcer les aides spécifiques à leur égard.
L’État se doit d’assurer l’autonomie des citoyennes et citoyens inactifs et de ne pas les enfermer dans une situation de dépendance. La Belgique est l’un des très rares pays dans le monde à accorder des allocations de chômage de manière illimitée dans le temps. Cela incite certaines personnes à produire peu d’efforts pour quitter leur statut d’allocataire social. Cela ébranle la solidarité des personnes qui travaillent qui jugent ce mécanisme obsolète en regard des contributions lourdes à l’impôt qui sont les leurs. De plus, de nombreux allocataires finissent, avec le temps, par être exclus du monde du travail et sombrer dans la précarité, le décrochage social n’étant pas toujours très loin. Nous revendiquons la reconnaissance d’un authentique droit à l’emploi et voulons assurer son accès pour toute personne désireuse de travailler et disposée à acquérir les compétences nécessaires.
Par ailleurs, le nombre des bénéficiaires de l’assurance-maladie explose. Il excède désormais celui des bénéficiaires du chômage. Il est urgent que l’État perçoive le symptôme, derrière ces chiffres, d’un malaise profond et largement partagé au sein du monde du travail. Des politiques nouvelles doivent être définies avec les partenaires sociaux. A défaut, tout le monde perd : les employeurs, les travailleurs impactés et l’autorité publique.
La sécurité sociale a pour vocation de protéger les individus des risques sociaux, comme la maladie ou le licenciement, en en réduisant l’impact sur leurs conditions de vie. Ces prestations sociales doivent être proportionnelles à la perte, salariale notamment, et aux cotisations versées.
Nous voulons également renforcer l’activation des politiques sociales en termes d’accompagnement et de formation. Une connaissance précise du marché du travail et une collaboration constante avec les employeurs sont essentielles. Ainsi les formations proposées doivent être en adéquation avec les besoins des entreprises et les demandeurs d’emploi convaincus qu’elles leur sont utiles, ce qui est encore insuffisamment le cas aujourd’hui.
La participation n’est pas qu’un droit, elle est aussi une responsabilité. Si le pacte de participation que nous défendons offre une place à chacune et à chacun, il leur demande en retour une participation au bien-être commun. Cette responsabilité sociale s’assume d’abord par le travail. Grâce à lui, les citoyens acquièrent les ressources d’une vie décente, prennent part à la société, développent des relations sociales et voient leur apport reconnu.
La régénération de la prospérité passe selon nous par un développement économique axé sur une croissance de la qualité des biens et des services et la création d’emplois porteurs de sens.
L’adoption de plans d’actions pour l’égalité salariale et l’égalité des chances doit être stimulée par des appels à projets, des chartes, des labels et des classements. L’accès des femmes au financement de projets d’entreprenariat doit être facilité. Actuellement, les femmes ont 30% de chances de moins d’être financées par les investisseurs. C’est inacceptable. Comme mesurer, c’est savoir, nous voulons disposer de statistiques intégrant la dimension « genre » afin d’avoir une connaissance précise des inégalités entre hommes et femmes.
Si nous voulons favoriser la participation par le travail, il est absurde qu’il soit si largement taxé. Nous plaidons donc pour un rééquilibrage de la fiscalité. Nous proposons de réduire la taxation sur le travail, d’augmenter celle sur la spéculation et la pollution et de renforcer la lutte contre la fraude fiscale et la criminalité financière. Nous voulons revoir le financement de la sécurité sociale selon la même logique.
En outre, la numérisation et la généralisation de l’Intelligence Artificielle génèrent des profits considérables, mais également des pertes d’emplois massives. Tenter de dresser un mur contre ce tsunami numérique est insensé et non souhaitable. Nous voulons que ces profits financent la création d’emplois dans d’autres secteurs, notamment ceux de l’éducation et des services aux personnes. Les entreprises se servant des données personnelles comme d’une marchandise ou une matière première — Google, Amazon ou Facebook par exemple — doivent contribuer elles aussi au financement des recettes publiques.
Une société de participation implique une mutation culturelle pour que chacun prenne conscience de sa responsabilité et ait à cœur le bien commun. Un tissu associatif riche et dynamique est essentiel à la cohésion sociale.
Par rapport aux services publics ou aux initiatives privées, l’action associative a le mérite d’être mieux ancrée sur le terrain et de profiter de la force de conviction des personnes acquises à sa cause. Elle permet souvent de trouver un équilibre entre le professionnalisme des travailleurs et l’engagement de citoyens bénévoles. Nous voulons que l’État soutienne mieux l’action associative sans chercher à s’y substituer ou à la concurrencer.
Pour soutenir l’engagement, nous souhaitons instaurer un revenu de participation, une allocation de base offerte par la société à chaque citoyenne et citoyen. Ce revenu favorisera le lancement de nouveaux projets, la réalisation d’études supérieures, la reprise de formation, l’adaptation du temps de travail aux besoins de la vie familiale.
Pour soutenir l’engagement, nous souhaitons également l’instauration d’un service citoyen.