Oui à l’objectif des 80% de taux d’emploi, non au mirage du MR.
Ce n’est pas une baguette magique ! Le MR continue à clamer qu’atteindre les 80% de taux d’emploi rapporterait 40 milliards de recettes directes et indirectes. Ces chiffres ne tiennent pas du tout la route.
En bref :
Le MR continue à clamer qu’atteindre les 80% de taux d’emploi rapporterait 40 milliards de recettes directes et indirectes. Ces chiffres ne tiennent pas du tout la route.
Pour atteindre 40 milliards de recettes, il faudrait que tous les chômeurs, bénéficiaires du CPAS et femmes/hommes au foyer obtiennent un temps plein et un salaire de 90.000€ brut.
Alexia Bertrand, ex-MR et Secrétaire d’Etat au Budget, avançait un chiffre plus raisonnable de 19,6 mia EUR le 15 février (-50%) et le diminuait encore à 14,8 mia EUR trois semaine plus tard (-30%).
Même si l’estimation finale de la secrétaire d’Etat ne représente qu’1/3 du chiffre avancé par le MR (!), selon nos calculs, elle pourrait être encore un peu trop optimiste.
On ne peut pas remettre au travail des chômeurs qui n’existent pas !
Atteindre les 80% de taux d’emploi n’est qu’une question de chômage mais aussi de malades de longue durée, de parent au foyer etc. Tous ne touchent pas d’allocation et ils ne vont certainement pas se mettre à travailler à temps plein.
Sur base de calculs détaillés, Les Engagés estiment à 11,7 milliards d’EUR le retour potentiel réaliste d’un taux d’emploi à 80%.
Visons donc l’objectif de 80% mais ne tombons pas dans le panneau de la droite qui cherche à nous faire croire que ça financera tout et qu’aucun autre effort n’est nécessaire.
Pour financer une réduction des impôts sur le travail, il faudra faire des efforts ET du côté du taux d’emploi, ET du côté du capital, ET du côté de la consommation, ET de la lutte contre la fraude sociale et fiscale ET dans des réductions des dépenses de l’Etat.
Le MR continue à clamer qu’atteindre les 80% de taux d’emploi rapporterait 40 milliards de recettes directes et indirectes. Ces chiffres ne tiennent pas du tout la route.
Dans le cadre de leur proposition de réforme fiscale, le MR est revenu avec le mirage qu’atteindre les 80% de taux d’emploi rapporterait 40 milliards de recettes directes et indirectes. Ces chiffres ne tiennent pas la route.
Dans le cadre de leur proposition de réforme fiscale, le MR est revenu avec le mirage qu’atteindre les 80% de taux d’emploi rapporterait 40 milliards de recettes directes et indirectes. Ces chiffres ne tiennent pas la route.
C’est comme si le MR proposait que tous les chômeurs, bénéficiaires du CPAS et femmes/hommes au foyer obtiennent un temps plein et un salaire de 90.000€ brut.
Pour atteindre 40 milliards de recettes sur 530.000 remises à l’emploi, le MR pense récupérer 75.471€ par personne. Avec une économie d’allocation de 12.630€ (s’ils étaient tous allocataires) et des retours indirects de 1.700€ (TVA, soins de santé…), cela revient à récupérer 61.141€ en impôts directs et indirects. Pour payer autant en cotisations patronales, cotisations personnelles et impôt sur les personnes physiques, il faut un salaire brut d’environ 90.000€ par an, soit 7.500€ bruts par mois. Un médecin en fin de carrière gagne moins que cela.
Il est IMPOSSIBLE de récupérer 40 milliards € en augmentant le taux d’emploi à 80%. Retrouvez la démonstration ci-dessous.
Alors que Les Engagés ont dénoncé à plusieurs reprises que c’est impossible, le MR continue à clamer ce chiffre. Si ça pouvait initialement être un vœu pieux, c’est malheureusement devenu de la tromperie. Le MR qui promet que l’augmentation du taux d’emploi financera toutes les réformes n’est pas plus réaliste que le PTB qui pense en faire de même avec la taxe sur les riches ou que le PS qui promet une semaine à 4 jours à salaire égal, sans conséquences pour les entreprises ni le finances publiques… Pourtant, ne va-t-on pas bientôt, pendant la campagne à venir, entendre le MR faire la leçon de la rigueur budgétaire ? Ce serait une belle ironie.
C’est quoi le taux d’emploi et pourquoi est-ce important ?
Le taux d’emploi est le pourcentage de personnes en âge de travailler (de 24 à 64 ans) qui ont un emploi (y compris en indépendant). Ça représente donc la part de personnes qui contribuent de manière économique à la société. Les gens qui ne travaillent pas sont soit au chômage, aux études, en (pré-)retraite, en maladie de longue-durée, homme ou femme au foyer, rentier…
Alors que la population vieillit et que la charge des pensions et des soins de santé augmente, il importe de répartir cette charge sur un maximum d’épaules. La Belgique est parmi les pays avec le plus bas taux d’emploi en Europe. Il y a donc de la marge pour répartir davantage la charge du vieillissement.
Cela étant, le taux d’emploi n’est qu’un indicateur partiel. Derrière un même taux d’emploi peuvent se cacher des réalités très différentes. Il peut y avoir beaucoup de temps partiels ou de très petits salaires. Il ne s’agit donc pas uniquement de mettre les gens au travail, il faut aussi que ça se fasse à de bonnes conditions. Atteindre 80% de taux d’emploi est un bon objectif, mais ne doit pas devenir un mantra.
Comment est-ce que le taux d’emploi influe sur l’économie et le budget de l’État ?
Augmenter le taux d’emploi augmente la masse salariale et donc la base imposable et donc les cotisations sociales et impôts prélevés. Augmenter le taux d’emploi implique aussi de mettre à l’emploi des personnes qui bénéficie d’allocations sociales (chômage, CPAS, maladie de longue durée). Dans ces cas, l’État fait aussi l’économie de ces allocations. Ces personnes passent de bénéficiaires à contributeurs nets de la sécurité sociale.
En plus de ces effets d’augmentation de recettes parfois couplées à des économies de dépenses, augmenter le taux d’emploi peut avoir des bénéfices indirects. D’une part, si une personne gagne plus en travaillant, elle va potentiellement consommer plus, faire tourner l’économie et, au passage, payer plus de TVA. D’autre part, vu que le travail peut être un vecteur d’épanouissement et de valorisation personnelle, les personnes qui travaillent sont aussi typiquement en meilleure santé. C’est bon pour elles et également pour la sécurité sociale qui fait des économies. Une étude de l’ULB estimait à ~1.700€ par an et par personne remise au travail les retours indirects liés à la TVA et aux soins de santé.
Le niveau de retours économiques et budgétaires d’une augmentation du taux d’emploi dépend de qui trouve un emploi (allocataire social ou pas), du salaire horaire et de si l’emploi est à temps plein ou non. Vous imaginez toutefois bien qu’une personne bénéficiant du CPAS ne va pas, du jour au lendemain, devenir PDG d’une grosse boite.
Cela dépend aussi de la manière dont les personnes sont remises au travail. Si on le fait, par exemple, par le biais d’une politique de territoires « zéro-chômeurs », avec un subside à l’emploi à peine moins élevé que les montants de l’allocation, le retour par personne tombe très bas.
Alors, combien peut rapporter l’objectif des 80% de taux d’emploi ?
Vu que « comme Napoléon (sic) » Georges-Louis Bouchez, président du MR, ne veut pas citer ses sources ni la manière dont il arrive à 40 milliards €, partons du calcul de la Secrétaire d’État au budget, Alexia Bertrand (ex-MR, passée récemment à l’Open-VLD).
Remettre un chômeur à l’emploi rapporterait 28.000 € (11.000 d’allocations en moins et 17.000€ de recettes fiscales sur le travail)
Pour atteindre 80% de taux d’emploi, Alexia Bertrand expliquait qu’il faudrait remettre 700.000 personnes au travail → 28.000 EUR × 700.000 = 19,6 milliards €
Alexia Bertrand, ex-MR et Secrétaire d’État au Budget, avançait un chiffre plus raisonnable de 19,6 milliards EUR le 15 février (-50%) et le diminuait encore à 14,8 milliards € trois semaines plus tard (-30%).
19,6 milliards étaient en tout cas le chiffre avancé par la Secrétaire d’État le 15 février 2023. Trois semaines plus tard, le 9 mars 2023, la même Alexia Bertrand expliquait à La Chambre que ça rapporterait plutôt 14,8 milliards €, soit 5 milliards de moins…
La différence entre les deux chiffres s’explique par le nombre de personnes à remettre à l’emploi pour atteindre le taux de 80%. En mars, la Secrétaire d’État est passée d’une estimation de 700.000 personnes à 530.000 personnes à mettre à l’emploi pour atteindre le même taux d’emploi de 80%.
La différence de 170.000 personnes n’est pas négligeable… Et change évidemment fondamentalement le résultat. Selon nos calculs, sa deuxième estimation semble plus réaliste.
Même si l’estimation finale de la secrétaire d’État ne représente qu’1/3 du chiffre avancé par le MR (!), selon nos calculs, elle pourrait être encore un peu trop optimiste.
L’ancienne secrétaire d’État au budget, Eva De Bleeker, avait estimé à 14 milliards € le retour potentiel. Pourtant, la Cour des Comptes disait que « ces estimations s’appuient sur des intentions politiques plutôt que sur une évaluation macroéconomique étayée ». Même la NVA, dont l’idéologie économique est proche de celle du MR et de l’Open-VLD, a du mal à croire ces chiffres. En effet, le calcul doit encore être relativisé à plusieurs égards.
On ne peut pas remettre au travail des chômeurs qui n’existent pas !
Il nous paraît irréaliste de tabler sur la (re)mise au travail de 530.000 chômeurs pour la simple et bonne raison qu’il n’y a que ~284.000 chômeurs ! Il faudrait donc inventer de nouveaux chômeurs pour les mettre à l’emploi et en tirer un bénéfice. Même en ajoutant les ~46.000 bénéficiaires du CPAS demandeurs d’emploi, on atteint un maximum de 330.000 allocataires demandeurs d’emploi à remettre au travail, soit 200.000 personnes de moins qu’envisagé par le MR et la secrétaire d’État.
Atteindre les 80% de taux d’emploi n’est qu’une question de chômage, mais aussi de malades de longue durée, de parent au foyer, etc. Une grande quantité de personnes ne touchent pas d’allocation.
D’un point de vue réaliste, jamais nous ne mettrons chacun des 330.000 chômeurs et bénéficiaires du CPAS demandeurs d’emploi au travail. Le chômage existe partout, même aux USA et même en temps de boom économique. Il y a une part incompressible de chômage (personne entre deux emplois, personnes devenues inaptes au travail…). Par ailleurs, le chômage en Belgique est actuellement au taux le plus bas depuis 1977 ! Tabler sur une diminution de plus de 165.000 des 330.000 allocataires demandeurs d’emploi nous semble tout à fait illusoire.
En plus des chômeurs, pour atteindre les 80% de taux d’emploi, il faudra aussi ramener à l’emploi des malades de longue durée. Cependant, tabler sur la reprise au travail de plus de 250.000 des 450.0006 malades de longue durée semble utopique (cela représenterait déjà 30% des >55 ans et 50% des <55 ans).
Entre les chômeurs, les personnes au CPAS et les malades de longue durée, il nous paraît réaliste de pouvoir remettre à l’emploi 415.000 « allocataires ». Pour ces personnes, le chiffre de 28.000€ peut être une approximation acceptable du retour budgétaire pour l’État.
Pour atteindre 80% de taux d’emploi, il faudrait donc attirer au minimum 115.000 personnes qui ne sont actuellement pas sur le marché du travail ou sont des demandeurs d’emploi non indemnisés (soit 25% des >55 ans et 30% des <55 ans). Ces derniers ne rapporteraient cependant pas 28.000€ aux finances publiques mais 17.000€.
Ils ne vont certainement pas se mettre à travailler à temps plein.
Le chiffre de 28.000€ part du principe que les personnes concernées reprendraient le travail à temps plein… Cela nous paraît totalement illusoire quand on voit que plus de 50% des personnes qui ont repris un emploi après une maladie l’ont fait à temps partiel et que la principale raison qui pousse des personnes à rester en dehors du marché du travail est la possibilité de concilier ce dernier avec leur vie privée… Il nous semble donc plus raisonnable de ne tabler que sur 75% des 17.000€ de recettes de cotisations et d’IPP escomptées. Cela revient à une réduction de 4.250€ du retour par personne remise à l’emploi.
Les retours d’une augmentation du taux d’emploi seront d’autant moindres qu’on les utilise pour réduire l’impôt sur le travail.
La volonté des Engagés, ainsi que celle du gouvernement y compris du MR et de l’OpenVLD, est de réduire la charge fiscale sur le travail. L’augmentation du taux d’emploi doit servir à financer cette réduction. Il y a toutefois un effet dynamique non négligeable. Plus on augmente le taux d’emploi pour financier une réduction de la fiscalité sur le travail, moins les recettes issues de l’augmentation du taux d’emploi seront élevées. La réforme fiscale proposée par Les Engagés (conf. www.lecouragedechanger.be) propose de réduire de ~30% l’impôt sur les personnes physiques. Vu que l’Impôt sur les personnes physiques représente environ 3.509€ du retour restant sur le travail, la réduction de 30% représente environ 1.053€ de manque à gagner par personne remise à l’emploi.
Sur base de calculs détaillés, Les Engagés estiment à 11,7 milliards d’EUR le retour potentiel réaliste d’un taux d’emploi à 80%.
Le tout dans le tout, on en arrive donc plus raisonnablement au chiffre de :
Retour (in)directs sur allocataires + Retour (in)directs sur non-allocataire −Malus temps partiel & réduction IPP +Retour indirects = Retour total
Est-ce que d’autres chiffres que ceux avancés par la Secrétaire d’Etat mèneraient à une autre conclusion ?
Nous n’avons pas remis en cause le chiffre initial de retour budgétaire par allocataire social retournant à temps plein au travail mis en avant par la ministre. Pour être de bons comptes, nous avons néanmoins vérifié si d’autres sources pouvaient donner une autre image.
Il s’avère que, dans le cadre de Territoires Zéro Chômeurs de Longue Durée, l’ULB avait estimé qu’un chômeur qui recommencerait à travailler à temps plein rapporterait 40.108€ par an (dont 25.330€ en recettes complémentaires), qu’un allocataire CPAS rapporterait 39.578€ par an et qu’une autre personne inactive rapporterait 27.753€ par an. Ces chiffres comprennent les retours TVA et d’économie de frais de santé. Ces chiffres sont plus élevés que ceux avancés par la Secrétaire d’État.
Néanmoins, même avec ces chiffres et si les 530.000 personnes remises à l’emploi bénéficiaient d’une allocation, les retours budgétaires seraient de maximum 21 milliards € ; un chiffre inférieur de moitié à celui avancé par le MR.
Avec le ratio réaliste de 415.000 allocataires et 115.000 qui ne bénéficient pas d’une allocation, les retours budgétaires seraient de 19,8 milliards €.
Or, ces chiffres sont à charge fiscale égale alors l’objectif est de réduire la fiscalité sur le travail. Une réduction de ~30% l’impôt sur les personnes physiques telle que proposée par Les Engagés représente ~2.100€ de recettes en moins par personne remise au travail. De plus, le facteur d’occupation à temps partiel à 75% appliqué aux recettes à fiscales réduirait le retour de -5.808 € par personne. Le retour budgétaire se verrait réduit de 4,2 milliards € et amènerait l’ensemble du retour à 15,6 milliards €.
Retour (in)directs sur allocataires + Retour (in)directs sur non-allocataire – Malus temps partiel & réduction IPP = Retour total
On peut donc estimer raisonnablement qu’atteindre 80% de taux d’emploi pourrait apporter une fourchette de retours potentielle allant de 11,7 à 15,6 milliards.
Cela, avec l’hypothèse que la politique de mise à l’emploi ne couterait rien en soi, ce qui n’est pas le cas avec, par exemple, la politique de territoire Zéro Chômeurs.
Visons donc l’objectif de 80% de taux d’emploi, mais ne tombons pas dans le panneau de la droite qui cherche à nous faire croire que ça financera tout et qu’aucun autre effort n’est nécessaire. Pour financer une réduction des impôts sur le travail, il faudra faire des efforts ET du côté du taux d’emploi, ET du côté du capital, ET du côté de la consommation, ET de la lutte contre la fraude sociale et fiscale ET dans des réductions des dépenses de l’État.
S’ils sont plus précis et réalistes que ceux avancés par la droite, nos calculs restent approximatifs. La question du retour budgétaire de la mise à l’emploi mériterait une véritable étude de l’administration, d’organes indépendants comme le Bureau du Plan ou la Cour des Comptes ainsi que d’universitaires.