La séquence est une regrettable occasion manquée à plus d’un titre.
D’abord parce que l’urgence de la situation budgétaire de la Belgique impose qu’un Gouvernement d’action soit mis sur pied le plus rapidement possible. Si on veut pouvoir garantir dans les décennies à venir le paiement des pensions, la qualité et l’accessibilité des soins de santé, un système de sécurité sociale généreux, un tissu économique prospère, une transition environnementale et énergétique vertueuse, des fonctions régaliennes réhabilitées et des emplois en suffisance, il est impératif d’assainir nos finances publiques et de remettre la Maison Belgique sur de bons rails.
Aujourd’hui, l’urgence économique et sociale est criante. Les citoyens s’inquiètent pour leur pouvoir d’achat et leur avenir, les entreprises restent en attente d’une politique industrielle de réelle relance face au déclin européen, les institutions internationales et européennes s’alertent de la situation critique des finances belges. Il est urgent qu’un budget soit voté et que des réformes soient adoptées !
Ensuite parce que l’Arizona offrait un attelage politique plus restreint que la Vivaldi, regroupant les gagnants du scrutin législatif de juin dernier, offrant à la fois une majorité dans chacun des groupes linguistiques et des majorités miroirs par rapport aux Gouvernements régionaux. C’était une force de cohérence et de collaboration supplémentaire et probablement indispensable pour faire réussir les différentes réformes structurelles dont notre pays a le cruel besoin notamment sur le marché du travail.
Enfin, car cela met un terme brutal à des mois de travail intense alors que, au-delà des éléments de mécontentement qui subsistaient pour Les Engagés aussi, de nombreux textes ont pu être débattus mais hélas guère être négociés en raison du refus de Vooruit de réunir le groupe central des présidents pour opérer ces arbitrages. Vooruit a systématiquement exigé de régler le cadre budgétaire avant d’entamer les négociations sur les notes thématiques. Mais dans le même temps, il exigeait que le cadre budgétaire soit conforme à ses attentes avant d’en discuter plus en avant. Il est irresponsable et regrettable, au vu des enjeux et des urgences, d’avoir campé sur ces exigences préalables plutôt que d’entrer en discussion avec les autres présidents de parti pour que, grâce à ces négociations précisément, il soit possible de rectifier les tableaux et de les ajuster conformément aux aspirations de chacun. Quand on veut gagner un match et porter ses valeurs, on commence par monter sur le terrain ; pas par exiger deux goals d’avance…Pour les Engagés, le cadre budgétaire, la supernote socio-économique et les autres notes thématiques comportaient encore des propositions inacceptables de notre point de vue. Mais chacun sait que l’on ne trouve pas 20 milliards pour réduire notre déficit structurel sous le sabot d’un cheval.
Qu’il nous faut donc dialoguer et négocier. Chaque acteur, chaque parti, chaque département de l’Etat doit être mis à contribution. Et cette équation restera vraie quels que soient les partis autour de la table. D’autres alliances ne vont pas faire disparaître miraculeusement les contraintes budgétaires.
Mais si chacun doit faire des efforts, il faut aussi qu’ils soient justes et proportionnés.
A titre d’exemples, pour nous, l’ampleur des économies en matière de santé reste inaudible. La justice et la police restent insuffisamment refinancés. La politique scientifique, l’aide à Bruxelles ou encore la coopération au développement restent outrancièrement violentées. Les investissements favorables à la transition climatique restent largement insuffisants à ce stade.
Par contre le marché du travail allait être flexibilisé davantage pour favoriser les créations d’emploi et la compétitivité, le pouvoir d’achat des travailleurs allait être renforcé, le chômage allait cessé d’être illimité dans le temps, les CPAS allaient être refinancés par centaines de millions, la fiscalité allait être modernisée, les pensions allaient être garanties, la sécurité et la Défense allaient être renforcées, les épaules les plus larges allaient clairement être mises à contribution, etc.
Autant de motifs de satisfaction et d’insatisfaction qui plaident pour une prise de responsabilité à la hauteur de l’enjeu, et pour une négociation en bonne et due forme qui se poursuive entre présidents de parti. Vooruit en a décidé autrement et porte une lourde responsabilité. D’autant que chaque mois qui passe dégrade les paramètres macro-économiques belges et imposera donc des efforts d’assainissement plus importants encore, y compris pour les publics que Vooruit prétend défendre.
Le serpent se mange la queue…
Des décisions courageuses sont donc à prendre. Des décisions probablement impopulaires dans certains cas, mais tellement nécessaires pour la prospérité et le bien-être des générations actuelles et à venir. Cela exige de quitter les postures médiatiques et d’être guidé par le sens des responsabilités. Quels que soient les partis, ils devront accepter de s’abîmer quelque peu en pensant aux prochaines générations plutôt qu’aux prochaines élections. Accepter les lourdes responsabilités qui accompagnent l’exercice de mandats politiques de haut niveau plutôt que chercher à préserver son capital sympathie ou d’image.
Prétendre d’ailleurs, comme l’a fait Conner Rousseau, que l’Arizona cherchait juste à satisfaire les super-riches et les multinationales, c’est grotesque et aux antipodes de la réalité des discussions tenues. De même prétendre vouloir défendre la santé alors que Vooruit préconisait de s’en tenir à une norme de croissance de 2%, entrainant un définancement massif des soins de santé, ce n’est pas correct. Suggérer, comme Vooruit l’a fait, de supprimer le refinancement complémentaire des CPAS au motif qu’il s’agit d’une politique nouvelle que l’on ne peut pas se permettre, ce n’est pas non plus acceptable pour nous.
Pour leur part, avec le sens de l’Etat et la maturité politique de ses représentants, Les Engagés réaffirment leur disponibilité pour offrir à notre pays un Gouvernement d’action dans les meilleurs délais et en conformité à notre projet de société.
Porte-parole : Audrey JACQUIEZ – audrey.jacquiez@lesengages.be – 0497/161.861